Les élections partielles mettent en lumière les vilaines divisions à venir
Quatre élections partielles fédérales ont eu lieu et, à première vue, rien n'a vraiment changé.Le chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier, a échoué de façon spectaculaire dans sa quête pour arracher la circonscription manitobaine de Portage—Lisgar aux mains des conservateurs. L'amie du premier ministre Justin Trudeau, Anna Gainey, a remporté la victoire des libéraux dans la circonscription québécoise de Notre-Dame-de-Grâce—Westmount. Les conservateurs ont conservé la circonscription électorale d'Oxford, en Ontario, tandis que les libéraux ont gardé Winnipeg-Centre-Sud.Le classement des partis à la Chambre des communes reste le même. De retour à notre programmation régulière.Ou non. Car malgré l'absence de drame, il y a d’importantes leçons à tirer de ces partielles. L'une concerne les nominations. L’autre préfigure le ton des prochaines élections générales. Et la troisième fait allusion à qui pourra – ou non – y participer.La première leçon est donc que lorsqu'il s'agit de circonscriptions rurales, les candidats parachutés sont rarement les bienvenus. À Oxford, le conservateur Arpan Khanna a battu son rival libéral avec 43% contre 36%, soit une marge de 2500 voix, mais son prédécesseur, Dave MacKenzie, l'avait emporté avec 47% contre 21% et une marge de 17 000 voix.Khanna est un ami du chef conservateur Pierre Poilievre qui s'était présenté à Brampton, en Ontario, en 2019 et n'avait aucun lien avec Oxford. Après la victoire de Khanna à l'investiture, les responsables de la circonscription ont démissionné, accusant la direction du parti d'avoir écrasé un candidat local. MacKenzie a ensuite soutenu l'adversaire libéral de Khanna, qualifiant la course de «campagne la plus sale que nous ayons jamais vue dans notre circonscription».La deuxième leçon: les guerres culturelles et les conspirations font maintenant partie de la politique fédérale. Dans Portage—Lisgar, Bernier s’en est pris à «la dégénérescence morale et culturelle» et «le culte woke». Il a fréquemment dénoncé l'enseignement de la théorie du genre à l’école, une question qui a récemment déclenché de grandes manifestations et contre-manifestations à Ottawa.Pendant ce temps, son adversaire conservateur, Branden Leslie, a promis qu’il «n'assistera jamais à une conférence du WEF», et a posté des dépliants qui montraient Bernier arborant un t-shirt de la fierté gaie, mentionnaient sa participation à «une conférence mondialiste du WEF» et posaient la question: «Comment pouvez-vous faire confiance à tout ce qu’il dit?»On peut prétendre que ces questions ont été débattues uniquement en raison de la présence de Bernier dans la circonscription, n’empêche qu’elles menacent de mettre Poilievre dans une impasse au niveau national, en particulier en ce qui concerne l'éducation et les droits des LGBT.D'une part, les conservateurs ont voté en faveur d'un projet de loi sur les droits des transgenres au Parlement, et Poilievre s'est prononcé en faveur des communautés LGBT. D'autre part, les parents à travers le pays sont de plus en plus préoccupés par l'étendue et l'adéquation à l'âge de l'enseignement de la théorie du genre dans les écoles.Un récent sondage a révélé que 57% des Canadiens appuient une politique du Nouveau-Brunswick qui oblige les conseils scolaires à informer les parents si leur enfant demande à changer de genre ou de pronom; seulement 18% pensaient que les écoles ne devraient pas informer les parents.Jusqu'à présent, Poilievre n'a pas commenté la controverse, à part dire qu'il s'agit d'une affaire provinciale – mais attendez-vous à ce qu'elle revienne aux prochaines élections fédérales, des deux côtés de l'allée. C'est une question polarisante que les libéraux peuvent utiliser contre les conservateurs dans les circonscriptions électorales progressistes, mais qui risque de se tourner contre eux au sein de la communauté musulmane typiquement affiliée aux libéraux, dont les membres ont participé aux manifestations d'Ottawa et ont aussi soulevé des préoccupations concernant les politiques de genre dans les écoles de Toronto.Le dernier point à retenir des élections partielles de cette semaine est que le premier ministre ne semble aller nulle part. Anna Gainey est une amie et alliée de longue date de Trudeau et, selon la plupart, une éventuelle candidate au cabinet. Il est un peu tôt, mais si Trudeau souhaite positionner des candidats comme elle pour de plus grands desseins, il aura besoin de plus de temps, ce qui signifie qu'il ne démissionnera pas avant la prochaine élection. Et s'il pense qu'il peut gagner une guerre culturelle contre Poilievre, il peut envisager la possibilité d'un autre tour de piste.Sur la base de ce qui précède, tout indique qu’on aura droit à une vilaine campagne de division – une campagne qui ne changera peut-être pas le statu quo, mais qui cimentera davantage la division. Plus ça change, plus c'est pareil.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post