Mélanie Joly rêve si elle croit que la réputation du Canada est «très positive»
Le week-end dernier, ma fille et moi avons fêté nos anniversaires. Les adolescents ont mis en scène une version élaborée des Hunger Games dans la campagne ontarienne (pistolets à eau et flèches en plastique, pas de couteaux), tandis que nous les adultes sirotions du vin et essayions d'ignorer notre fils d'actualité. Une entreprise futile, s’il en fût une. Entre la marche avortée du groupe Wagner sur Moscou, le débarquement du premier ministre Justin Trudeau en Islande pour une réunion de dirigeants nordiques et la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly parlant de politique étrangère sur CTV, les nouvelles n'ont cessé de s'imposer, au point que le roman dystopique de Suzanne Collins semblait une métaphore appropriée pour l'état actuel du monde.Pour le dire de façon simple: l'autoritarisme est à la hausse dans le monde et notre gouvernement dort au gaz. À partir de 2017, l'Iran a violemment réprimé les manifestants pro-démocratie. La Chine a supprimé tout semblant de droits et de libertés de la personne à Hong Kong et a détenu deux Canadiens prisonniers pendant plus de 1000 jours. Et puis Poutine a décidé de marcher sur Kiev – une guerre sanglante qui s'éternise sans fin en vue.Nous savons que ces gouvernements et d'autres gouvernements étrangers ont tenté de saper les institutions et la sécurité nationale du Canada. Mais pendant huit ans, le gouvernement fédéral n'a pas fait grand-chose pour contrer – ou même reconnaître – les menaces croissantes à la souveraineté canadienne, ici comme à l'étranger. Notre Arctique demeure malheureusement sans défense; notre armée de l'air ne remplacera pas entièrement sa flotte vieillissante avant 2032, et les pirates informatiques russes ciblent notre industrie pétrolière et gazière dans le cyberespace.Pourtant, pour une raison que j’ignore, les libéraux pensent toujours que le Canada est de retour. «Je pense que la réputation du Canada dans le monde est très positive», a déclaré Joly à Vassy Kapelos de CTV dimanche. «Si nous sommes capables de protéger plus d'intérêts, en nous assurant que nous faisons avancer nos valeurs, nous gagnerons. Mais nous devons nous engager dans une série de conversations diplomatiques, être à différentes tables diplomatiques, pour pouvoir avoir cette influence.»Ce qu’ignore Joly, c'est que pour que la diplomatie réussisse, vous avez besoin de deux choses: la puissance militaire pour soutenir les belles paroles et le respect des parties avec lesquelles vous vous engagez. Sous les libéraux, nous avons eu moins des deux, et le résultat est un déclin de l'influence du Canada à l'étranger.En matière de dépenses militaires, le Canada est un retardataire de l'OTAN; nous consacrons actuellement 1,29% de notre PIB à la défense, bien en deçà du seuil de 2% exigé par l'organisation. Pire encore, dans un rapport du Pentagone divulgué ce printemps, Trudeau a admis en privé à nos alliés que nous n'atteindrons jamais l'objectif de 2% – un aveu des plus non-diplomatiques qui érode davantage la position du Canada en tant que partenaire fiable.Le rapport a également révélé que «des lacunes généralisées en matière de défense entravent les capacités canadiennes tout en mettant à rude épreuve les relations avec les partenaires et les contributions de l'alliance», et que les Forces armées canadiennes avaient déterminé qu'elles «ne pouvaient pas mener une opération majeure tout en maintenant simultanément le leadership de leur groupement tactique de l'OTAN», en Lettonie et en matière d’aide à l'Ukraine. La situation en Lettonie est en fait si mauvaise que les troupes auraient recours à l'achat de leurs propres casques en raison du manque d'équipement.Il n'est donc pas étonnant que nos forces armées soient confrontées à une crise de personnel: à 100 000 membres, il en manque 16 000 à leurs objectifs, selon le ministère de la Défense nationale. Mais entre l’équipement de mauvaise qualité, les bas salaires et les multiples scandales de harcèlement sexuel, qui voudrait travailler pour un tel employeur?En conséquence, le respect pour le Canada a chuté dans le monde. Plus tôt cette année, le Canada a été exclu du nouveau pacte de défense AUKUS entre l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis en raison de son incapacité à acheter des sous-marins à propulsion nucléaire. Et quand il y a une crise, le monde n'appelle plus – alors que le drame en Russie se déroulait ce week-end, l'historien Jack Granatstein a noté avec justesse que le président américain Joe Biden a rencontré les dirigeants de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni, mais pas ceux du Canada.Dans un monde de Hunger Games, le Canada ne peut pas rester complaisant. Trudeau doit prendre les menaces au sérieux, investir dans notre armée et intervenir pour soutenir nos alliés. Sinon, les chances ne seront jamais en notre faveur, mais complètement contre nous.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post